les campagnes hallucinées | 2018-19
La série des Campagnes hallucinées puise sa source d’inspiration dans le recueil de poèmes d’Émile Verhaeren «Les campagnes hallucinées» et «Les villes tentaculaires» qui abordent l’invasion à la fois industrielle et urbaine de la campagne et sa disparition inéluctable. Cette série permet à l’artiste de poser un regard contemplatif sur l’esthétique du bâtiment utilitaire et tenter de saisir une infime partie de l’identité de ces paysages urbains.
Au delà du constat de cette anthropisation, de la naissance de ces nouveaux paysages urbains, il y a une fascination par la poésie que dégagent ces oeuvres urbaines, superposition, accumulations, enchevêtrements.
labastide, labastide2 | 2017-18
La série Labastide est l’aboutissement d’une résidence de recherche et de création d’une quinzaine de jours à Labastide d’Armagnac (40). L’enjeu de cette résidence était de restituer plastiquement trois chantiers ayant cours dans le village : la rénovation de l’église, un chantier privé, ainsi que l’extension de la Mairie. Outre les engins et matériel de chantier (grues, échafaudages), l’artiste a traduit ce que ses sens ont perçu : l’accumulation, l’enchevêtrement de lignes, les bruits saccadés (du marteau‑piqueur), les textures… Cette série s’enrichit d’une quinzaine d’estampes, à l’occasion de l’exposition Dialogues au Centre d’Art Contemporain des Landes de Mont de Marsan, donnant naissance à la série Labastide2.
Cette dernière série a fait l’objet d’une première exposition personnelle. Elle est le fruit d’une commande artistique de la Ville de Mourenx, première ville nouvelle en France à avoir été bâtie ex nihilo pour les besoins de l’exploitation du gaz de Lacq. A l’occasion de l’implantation de la galerie d’art contemporain de Mourenx dans un nouvel équipement culturel édifié par la communauté de communes, Blandine Galtier a arpenté le chantier pendant un an, armée de son appareil photographique. Elle rend compte du processus d’artificialisation du sol et d’une succession d’instants voués à l’oubli bien que décisifs à travers trois thèmes: l’ancrage et l’assise du bâtiment extirpé de la fange, son étayage au moyen d’un exosquelette éphémère, l’enveloppe qui donne corps à l’architecture.
Un sentiment de fascination se dégage de l’enchevêtrement des ouvrages d’art et des réseaux routiers, retranscrit à partir de photographies de Roissy, de Tokyo ou de Kyoto et de souvenirs de lectures d’Emile Verhaeren. Les ouvrages infrastructurels se trouvent exhumés ou mis à nu comme autant de vestiges de la civilisation de l’automobile reine et d’une urbanisation massive, dévoratrice de la nature et des paysages. Ils composent un univers esthétique, dont le jeu graphique sur les lignes ou sur les courbes et la réplique du gaufrage, révèlent la puissance poétique. Le regard quasi chirurgical porté sur eux et l’ajout de bleu dans les noirs intensifient la sensation de leur présence.
A partir des photographies de voyage d’amis revenant d’un long séjour à Tokyo et à Kyoto, un voyage virtuel se trame, qui s’attache à restituer les ambiances architecturales dans un contexte d’urbanisation dense. Le thème de l’infrastructure développé dans la série Natures mortes y est central et s’y ajoute celui de l’imbrication avec la ville.
Cette seconde version de la série Je ne connais pas l’Afrique voit la couleur disparaître au profit de toute une gamme de gris, qui souligne davantage encore l’abstraction d’implantations aéroportuaires indifférentes à leurs contextes et à leurs sols. L’atténuation du contraste entre les différents gris et le blanc des gaufrages renforce ce caractère abstrait. L’assemblage des plaques déjà gravées en fonction de rimes graphiques et le remaniement des frontières géographiques ou des limites d’emprise également.
je ne connais pas l’Afrique | 2011
A l’occasion d’un parcours d’art contemporain sur le thème de l’Afrique, Blandine Galtier cherche comment évoquer ce continent, très présent dans son arbre généalogique mais dont elle ignore presque tout. Pour éviter l’écueil de fantasmes ou de clichés, elle se livre à un exercice méthodique de survol du territoire et de cartographie, jalonné par la représentation des principaux aéroports internationaux des pays africains, en se tenant ainsi aux portes de l’inconnu. Les vues aériennes glanées sur Google Earth et l’emprise bâtie des infrastructures aéroportuaires témoignent de la confrontation entre la géométrie implacable de l’architecture et la topographie des différentes villes.
A la faveur d’un jeu d’échelle, cette série rend compte de la complexité de l’univers biologique des microbes et des bactéries, organismes vivants appréhendés ici dans leur configuration formelle comme autant de micro architectures et de tableaux abstraits. Expérimentée à cette occasion, la technique de gravure de la manière noire permet à la fois d’obtenir un noir plus profond et des effets de matière sur le blanc du papier.